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Ein Kerem, Bethléem et la mer Morte

Après avoir été dans la vieille ville de Jérusalem, j’ai remonté le temps en allant voir d’abord un petit village, tout près de Jérusalem, du nom de Ein Kerem, là où Jean-Baptiste est né et où Marie aurait rencontré sa cousine Élisabeth, mère de Jean-Baptiste, lorsque toutes deux étaient enceintes; c’est l’épisode de la Visitation. Il y a une petite source où Marie se serait abreuvée lors de cette visite.

Sentier à Ein Kerem

Ce petit village abrite une communauté arabe et une communauté juive qui vivent en harmonie, plusieurs artistes y demeurent et plusieurs communautés religieuses y ont élu domicile comme les franciscains et les orthodoxes russes; ces derniers ont bâti un magnifique monastère avec des dômes et des croix en or visibles de très loin. Le village est paisible et agréable, il est construit dans le fond d’une vallée et des petits sentiers nous mènent dans le creux de celle-ci. En faisant cette petite randonnée, je me suis reposé sur un arbre, à l’ombre des feuilles, pour y écouter le chant des oiseaux, je me sentais poète... Il ne manquait plus qu’une douzaine de disciples pour se sentir exactement au début de notre ère : tout le monde en toge et en sandale, avec en arrière-plan les collines de la Judée. C’est quand même incroyable comment tout cet imaginaire religieux, surement renforcé par le film Jésus de Nazareth, est profondément ancré en moi, et je ne suis probablement pas le seul. Le pouvoir des histoires est prodigieux. Il faut raconter des histoires, et pas seulement aux enfants; plusieurs histoires, différentes.

Le lendemain, je me suis ensuite rendu dans la ville de naissance de Jésus, à Bethléem, qui se trouve en territoires palestiniens, en Cisjordanie, en zone A, c’est-à-dire une zone contrôlée exclusivement par les Palestiniens, mais aussi une zone encerclée par le Mur. C’est surtout cette barrière qui a retenu mon attention dans mon périple de trois jours dans cette ville. Bethléem est à moins de dix kilomètres de Jérusalem, mais on se trouve complètement ailleurs.

Bethléem

On est maintenant chez les Arabes, les rues et les routes sont jonchées de déchets, on conduit armé de son klaxon que l’on utilise, constamment, pour saluer autant que pour envoyer promener, le marché est au centre de la ville et on se perd dans les rues labyrinthiques. Aussi, cinq fois par jour, les hautparleurs de la mosquée diffusent des chants religieux pour la prière. On est aussi en territoires occupés. Les Israéliens ne peuvent pas venir ici; s’ils le font, c’est au péril de leur vie et contre la loi d’Israël selon les affiches gouvernementales. Les Palestiniens ne peuvent pas, pour leur part, non plus sortir de cette zone, à moins d’avoir un permis émis par Israël et de passer les postes de contrôle, donc de traverser le Mur. Les conditions de vie en Cisjordanie ne sont pas simples, le chômage élevé et les touristes sont peu nombreux dans ce temps-ci. Par contre, tout le monde te sourit et te souhaite la bienvenue. Plusieurs te proposent de te faire visiter les villes avoisinantes et autres attractions touristiques du coin, en échange d’argent évidemment.

La première matinée m’a servi à visiter l’Église de la Nativité, en restauration présentement. Selon un guide de l’Église, il y a des preuves que c’est l’endroit exact où Jésus est né : la Bible, la tradition orale et le fait que Constantin ait fait construire la première église de Bethléem à cet endroit. Constantin est le premier empereur romain à s’être converti au christianisme. On repassera pour la rigueur des preuves... La Grotte de la Nativité est accessible au bout d’une queue chaotique où tout le monde se dépasse et joue du coude. L’entrée de la Grotte est étroite et j’ai eu une sensation de claustrophobie juste avant d’y entrer. À l’intérieur, il y a une étoile à 14 branches qui indique l’endroit où Jésus est venu au monde. L’ambiance n’est pas comme à Jérusalem où les gens pleurent et où la dévotion est à son comble; ici, la naissance de Jésus est un évènement heureux, les gens sont euphoriques.

Le Mur

En après-midi, j’ai marché vers les limites de Bethléem, à environ deux kilomètres du centre, pour longer le Mur, une immense structure de près de 20 mètres de haut, en béton armé, et où plusieurs tours ou miradors sont présents à intervalle régulier. Deux choses m’ont profondément marqué : les affiches, qui sont des témoignages de Palestiniens qui vivent avec le Mur et, bien sûr, les graffitis. En voyant ce Mur, j’avoue, j’ai pleuré, pleuré de honte et d’incompréhension : cette chose immonde est d’une infinie tristesse. Par contre, l’horreur côtoie le sublime. En effet, un artiste extraordinaire du nom de Banksy a fait plusieurs graffitis maintenant célèbres. J’ai pris plusieurs graffitis en photo, certains sont de cet artiste dont on ne connait pas la véritable identité, d’autres sont inconnus. Ceux de Banksy sont des messages qui illustrent toutes les contradictions de ce conflit indénouable, ses images sont très fortes. C’est un artiste à découvrir.

Graffiti de Banksy à Bethléem

Un peu plus tard, j’ai rencontré un jeune Palestinien du nom de Seif, il m’a invité à boire un thé et à fumer la shisha dans une sorte de café où les femmes ne sont pas admises... Le lendemain, il m’a fait visiter, avec sa voiture, Hérodion, à quelques kilomètres de Bethléem. C’est un immense mausolée où le roi Hérode voulait se faire enterrer. Il se fera finalement enterrer à Jéricho. Cette rencontre avec Seif m’a permis d’en apprendre un peu plus sur les conditions de vie au quotidien des Palestiniens, comment ils font pour s’en sortir du mieux qu’ils peuvent. C’est simple, ils sont enfermés dans une prison à ciel ouvert. Pas facile, évidemment.

Après Bethléem, je me suis dirigé vers l’est, vers la mer Morte. Baignades dans l’eau tellement salée que l’on flotte littéralement, la sensation est extraordinaire, camping sauvage et coups de soleil, voilà ce qui résume ce séjour. Quelques kilomètres plus loin, j’ai fait un arrêt de deux jours à Massada où, sur le sommet de la montagne, une forteresse gigantesque a été construite vers 50 après J-C. On y grimpe avant le jour pour y voir le lever du soleil; le site archéologique est tout simplement à couper le souffle, et le décor, majestueux.

Levée de soleil à Massada

Aujourd’hui samedi, jour du sabbat, c’est-à-dire le jour du repos, je suis dans une ville balnéaire du nom d’Eilat, complètement au sud du pays, sur le bord de la mer Rouge. L’attraction principale est la plongée, il y a ici une barrière de corail impressionnante. J’ai passé tout l’après-midi d’hier sous l’eau à nager avec les poissons tropicaux et à découvrir cet étrange monde sous-marin.

Demain, je traverse la frontière pour me rendre en Jordanie, dans la ville de Pétra pour y voir l’une des sept merveilles du monde. Je pense aller aussi dans la capitale du pays, pour en tout y passer une semaine.

Sinon, il fait vraiment chaud, plus de 40 degrés, la bouffe est toujours bonne. Mon nez souffre cependant d’un coup de soleil assez pénible...

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