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Le conflit israélo-palestinien

Difficile de résumer le conflit israélo-palestinien, mais je tiens à raconter le peu que j’ai vu après avoir voyagé à travers Israël et visité deux endroits en particulier, Hébron et Jénine en Palestine.

Soldat israélien

La première des choses que je peux constater est que la plupart des gens (juifs, laïcs, musulmans, chrétiens, Palestiniens et Israéliens) veulent vivre en paix, élever leurs enfants dans un climat de sécurité, avoir un emploi et avoir le droit de rêver leur vie. Mais Israël et la Palestine sont les lieux d’expression de deux nationalismes extrémistes qui sabotent toutes tentatives de paix. Qui plus est, l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens par Israël ne font qu’empirer les choses.

Hébron, qui veut dire paradoxalement en arabe et en hébreu quelque chose comme ami, connexion ou allié, est le théâtre de cette folie, l’exemple paroxystique de cette confrontation et le lieu de plusieurs morts tragiques. Je suis allé dans cette ville avec le Hebron Dual Narrative Tour organisé par le Abraham Hostel de Jérusalem. Le matin, c’est un guide juif qui nous expose son point de vue sur la situation de la ville et du conflit en général; l’après-midi, c’est avec un guide palestinien que nous visitons les lieux.

Il faut d’abord savoir que la ville est séparée en deux zones, une première zone sous contrôle palestinien (H1) qui représente 80 % de la superficie de la ville, interdite aux Juifs, et une zone sous contrôle israélien (H2) qui représente 20 % du territoire et où vivent environ 30 000 Palestiniens et environ 600 Juifs. Ces derniers sont des colons, religieux pour la plupart, et sont protégés par près de 2000 soldats, par plusieurs points de contrôle qui se situent à la limite des deux zones. Seuls certains Palestiniens qui habitent H1 peuvent aller dans l’autre zone (H2) et ils doivent passer par tout le système de sécurité mis en place.

À cette frontière, les commerces sont maintenant interdits, c’est près de 1800 commerçants palestiniens qui ont fermé leurs portes depuis. Des rues sont aussi carrément fermées. Des rues fantômes, triste à voir, très triste. Ces rues ont été fermées à la suite de plusieurs attaques aux couteaux, à la suite d’assassinats réalisés par des tireurs d’élite palestiniens.

Rue du marché fermé

Même un jeune bébé de dix mois a été la cible de ces attaques. C’est ce que l’on nous montre d’abord, c’est le trajet que l’on suit avec le guide juif, celui de l’horreur, de la stigmatisation de l’autre dans une image de barbare. Par contre, nous avons affaire à un Juif plutôt modéré qui aspire à la paix et qui fait la part des choses. Par exemple, après avoir visité le musée qui explique le Massacre de 1929 où des Arabes ont tué 67 Juifs, il nous fait savoir que le musée omet de dire que plusieurs Arabes ont aussi protégé des Juifs de ce massacre. Contrairement au musée de l’Holocauste où une large place est faite aux Justes, aux Allemands qui ont sauvé les Juifs des camps de la mort, dans ce musée, on tait cette réalité. Pour lui, on a aussi affaire à une guerre narrative qui alimente le conflit. Je disais dans ma publication précédente qu’il fallait raconter des histoires, plusieurs et différentes, il faut aussi raconter des histoires qui ne provoquent par la peur de l’autre, mais qui permettent de connaitre l’autre.

Ce qui complique encore plus les choses à Hébron, c’est qu’il y a aussi le Tombeau des Patriarches, celui d’Abraham entre autres. C’est donc un haut lieu saint du judaïsme, de l’islam et du christianisme.

Sur ce Tombeau, une mosquée et une synagogue ont été construites il y a plusieurs années, dans le même bâtiment. En 1994, un extrémiste juif tue une trentaine de musulmans dans la mosquée. Depuis, ce lieu saint est séparé par des grillages et des vitres pare-balles. D’un côté, la mosquée; de l’autre, la synagogue. Pour accéder au Tombeau, un imposant système de sécurité doit être franchi.

Durant la visite du matin, on rencontre aussi un colon juif, américain, installé à Hébron depuis quelques années, la trentaine, une femme et trois enfants, un pistolet à la ceinture. Il nous explique que cette terre est celle des Juifs, la Bible le dit... Malgré ce climat, il persiste à y vivre. Autant les Juifs que les Arabes tentent de prouver qu’ils étaient là les premiers, sur ce territoire. Je suis persuadé que si l’on faisait des tests génétiques, on verrait que toute la population est métissée, sauf dans les milieux ultraorthodoxes. Comme chez nous, au Québec, on a pas mal tous du sang amérindien, quoi que l’on en pense.

Lors de la visite avec le Palestinien, on découvre aussi que ce qui reste du petit marché à la frontière entre les deux zones est complètement grillagé, pour protéger les marchands des pierres et des déchets jetés par les colons juifs qui habitent juste au-dessus d’eux.

Grillage au marché

Le guide palestinien est moins modéré que le guide juif. Pour lui, l’armée tue délibérément des Palestiniens et place des couteaux près d’innocents après les avoir assassinés. Pour lui, c’est une mascarade la plupart du temps.

Je suis aussi allé à Jénine, au sud de Nazareth, toujours en Palestine. J’y suis allé pour visiter, dans le camp de réfugiés, le Freedom Theater (www.freedomtheater.org). Ce camp de réfugiés est si vieux que ce n’est pas des tentes qui s’y trouvent comme on pourrait naïvement le penser, mais une véritable ville. Le Freedom Theatre est un organisme qui utilise l’art comme moyen de résistance, résistance à l’endoctrinement, à la haine et donne du rêve aux jeunes Palestiniens en permettant la fiction. Il tente de ne pas enfermer la vision de monde des jeunes dans la dualité que provoque le conflit. Il a pour mission aussi de faire connaitre la situation des Palestiniens au reste du monde. Il s’y donne des cours de théâtre, aux enfants et aux jeunes adultes, des cours de photographie et de cinéma. Ils produisent aussi des pièces de théâtre. L’histoire de ce théâtre est tragique, comme beaucoup d’histoires ici. Il faut écouter le film Arna’s Children réalisé par le fils de la fondatrice de ce théâtre, une Juive! Le réalisateur a malheureusement été assassiné en 2011, probablement par un Palestinien...

Freedom theater à Jenine

Ce théâtre, ce magnifique effort pour imaginer un futur, côtoie malheureusement, à quelques rues de là, des affiches de martyres palestiniens, des gens qui ont probablement tué des innocents.

Pour revenir en Israël, de Jénine à Nazareth, j’ai dû passer par le checkpoint. La pire expérience de toute ma vie. J’étais avec quelques Palestiniens, nous étions du bétail contrôlé par des portes électriques, des soldats armés jusqu’aux dents. L’attente, interminable, et le sentiment de claustrophobie... Je n’ai pas pu prendre de photos de ces lieux : interdit.

Voilà mon témoignage. Trop sommaire pour permettre une compréhension minimale de ce conflit qui ne provoque que des souffrances chez les Israéliens et les Palestiniens. Je vous souhaite de dépasser les bulletins d’information et de vous renseigner un peu plus profondément sur la situation. Je conseille encore Les Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, un roman graphique, et la pièce de théâtre L’Affiche de Philippe Ducros. Deux ouvrages qui m’ont motivé à venir ici.

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